LA TAPISSERIE AU XIX° SIÈCLE 457

fiches de l'ancien mobilier de la couronne. On se refuserait à croire qu'un gouvernement régulier ait pu prendre l'initiative d'un pareil acte de vandalisme, si les pièces n'étaient là pour prouver l'exactitude des faits.

C'était en l'an V; la détresse était à son comble, le déficit énorme. Il était du plusieurs années de traitement à tous les fonctionnaires.

Les anciennes tapisseries de l'État constituaient comme un fonds de réserve auquel avaient été faits déjà de larges emprunts. Le Directoire, dans cette nécessité extrême, demanda un rapport sur Ie meilleur parti à tirer de ce trésor improductif. L'employé chargé de sa conservation représenta que, si on vendait les tapisseries du garde-meuble, la vente produirait peu de chose, vu la situation politique, et qu'on aurait beaucoup plus de profit à brûler les pièces rehaussées d'or et d'argent pour en fondre le métal. Cette proposition inouïe ne rencontra pas d'objection. Le Directoire comptait pourtant des hommes éclairés, instruits. Ils n'hésitèrent pas à prononcer, dans deux arrêtés successifs, rendus en floréal et prairial an V, la condamnation de seize des plus belles séries de l'ancienne, collection royale. On en a la liste complète. Voici l'état des cent quatre-vingts pièces dont se composaient les tentures détruites en cette circonstance :

Neuf pièces des Actes cles apôtres, d'après Raphaël.

Sept pièces de l'Histoire de saint Paul. .

Seize pièces de VHistoire de David.

Dix pièces de divers Grotesques, d'après Jules Romain.

Sept pièces de VHistoire de Josué.

Vingt-deux pièces de Scipion l'Africain.

Huit pièces de l'Histoire de saint Jean-Baptiste.

Huit pièces de la Fable de Diane, par Dubreuil."

Douze pièces des Mois grotesques, par J. Romain.

Huit panneaux de Rinceaux.

Vingt-quatre pièces cie la Fable de Psyché.

Cinq pièces de VHistoire de Lucrèce.

Douze pièces des Mois de l'année.

Huit pièces de VHistoire d'Arthémise.

Quinze autres pièces de la même histoire.

Six pièces de V Enlèvement des Sabines.

Enfin quatre portières.



	LA TAPISSERIE AU XIX° SIÈCLE 457 fiches de l'ancien mobilier de la couronne. On se refuserait à croire qu'un gouvernement régulier ait pu prendre l'initiative d'un pareil acte de vandalisme, si les pièces n'étaient là pour prouver l'exactitude des faits. C'était en l'an V; la détresse était à son comble, le déficit énorme. Il était du plusieurs années de traitement à tous les fonctionnaires. Les anciennes tapisseries de l'État constituaient comme un fonds de réserve auquel avaient été faits déjà de larges emprunts. Le Directoire, dans cette nécessité extrême, demanda un rapport sur Ie meilleur parti à tirer de ce trésor improductif. L'employé chargé de sa conservation représenta que, si on vendait les tapisseries du garde-meuble, la vente produirait peu de chose, vu la situation politique, et qu'on aurait beaucoup plus de profit à brûler les pièces rehaussées d'or et d'argent pour en fondre le métal. Cette proposition inouïe ne rencontra pas d'objection. Le Directoire comptait pourtant des hommes éclairés, instruits. Ils n'hésitèrent pas à prononcer, dans deux arrêtés successifs, rendus en floréal et prairial an V, la condamnation de seize des plus belles séries de l'ancienne, collection royale. On en a la liste complète. Voici l'état des cent quatre-vingts pièces dont se composaient les tentures détruites en cette circonstance : Neuf pièces des Actes cles apôtres, d'après Raphaël. Sept pièces de l'Histoire de saint Paul. . Seize pièces de VHistoire de David. Dix pièces de divers Grotesques, d'après Jules Romain. Sept pièces de VHistoire de Josué. Vingt-deux pièces de Scipion l'Africain. Huit pièces de l'Histoire de saint Jean-Baptiste. Huit pièces de la Fable de Diane, par Dubreuil." Douze pièces des Mois grotesques, par J. Romain. Huit panneaux de Rinceaux. Vingt-quatre pièces cie la Fable de Psyché. Cinq pièces de VHistoire de Lucrèce. Douze pièces des Mois de l'année. Huit pièces de VHistoire d'Arthémise. Quinze autres pièces de la même histoire. Six pièces de V Enlèvement des Sabines. Enfin quatre portières.